LA REVOLTE DES BOUSEUX 

 

La très vive réaction des Creusois, artistes, élus et anonymes, après l’article du magazine Technikart « La bouse ou la vie » (lire par ailleurs), n’en finit pas d’alimenter les réseaux sociaux… et désormais la presse nationale. Après Rue89, la galaxie Radio France (France Bleu Creuse puis France Info) ou Le Figaro.fr, c’est au tour de Marianne et du site Internet du Point de plonger leur plume dans la terre creusoise.

Excuses

Le chroniqueur du Point Jérôme Cordelier lance un vibrant « I love Creuse », peuplant le pseudo-désert culturel des artistes qui y créent ou créaient : Claude Miller, Éric Reinhardt, Claude Chabrol, Sylvie Granotier ou Michel Houellebecq : « C’est grâce à ce territoire [qu’il] a décroché sa carte du Goncourt ! ».

Le magazine Marianne a, lui, dépêché journaliste et photographe à Guéret. Au fil de quatre pages intitulées « La révolte des “bouseux” contre le chic parisien », l’hebdomadaire prend le contre-pied du mensuel branché et dépeint une Creuse certes loin de la profusion de l’offre urbaine, mais où une collégienne de 14 ans a vu « le Hamlet de Mesguich et Arthur H ».

En avant-première, La Montagne annonçait la publication dans Technikart d’un édito spécial consacré à la polémique, assorti d’un droit de réponse du député de la Creuse et maire de Guéret, Michel Vergnier. L’édito s’étire sur trois pages et contient un florilège des critiques, insultes voire menaces reçues par le magazine, qui revendique son ton outrancier et en appelle encore et toujours à l’humour. La ville a lancé une invitation au magazine pour le 29 juin, afin de porter un autre regard sur le territoire.

Les réactions sur le Web, depuis, n’ont faibli ni en intensité, ni en pluralité. Il n’est pas écrit qu’une nouvelle rencontre ait lieu.

Julien Bigay

 


9-15 juin 2012

La révolte des "bouseux" contre le chic parisien

 Agrandir la photo, lire l'article (complet dans Marianne du 9 au 15 juin)...


     Par Jérôme Cordelier

 À force de vouloir être branché, on devient ringard. Technikart, magazine parisianiste à faible tirage, a suscité un immense émoi en Creuse en attaquant bille en tête - on se demande bien pourquoi - Guéret et ses environs pour son inactivité culturelle sous un titre flatteur : "La bouse ou la vie". La direction présente ses excuses dans le numéro de ce mois-ci. Bien obligé. Car cette prise de position a dépassé les voeux de nos provocateurs. Les Creusois, plus branchés que certains peuvent le croire, se sont déchaînés sur les réseaux sociaux. Une véritable jacquerie internétique qui a laissé pantois nos Parisiens, d'habitude plus prompts à la repartie.

Certes, la Creuse n'est pas le coeur de cible de ce magazine : la maison de la presse de Guéret vend deux exemplaires de Technikart à chaque livraison. Mais quand même... Nos amis devraient traîner un peu plus leurs basques dans ce coeur vert de la France.

Une terre qui inspire les écrivains

À l'instar de Claude Miller, metteur en scène et scénariste, qui a écrit en Creuse l'essentiel de son oeuvre, ou de l'écrivain Éric Reinhardt, dont le livre-star de l'année littéraire 2011 Le système Victoria s'achève ici même, ou encore l'auteur de polars Sylvie Granotier, qui a fait de cette terre "son" Montana. Perdue pour la culture, la Creuse ? C'est grâce à ce territoire que Houellebecq a décroché la carte du Goncourt ! Et on ne vous dit pas ce que penserait d'une telle polémique le cinéaste Claude Chabrol, qui y avait ses racines et y faisait sans cesse référence. On attend la réaction du maire d'Argenton-sur-Creuse (dans le département voisin de l'Indre), nouveau ministre et ami intime de François Hollande, Michel Sapin dont la maison sert actuellement de scène pour le tournage d'un film fantastique, Fièvre. Nos amis de Technikart n'ont pas trouvé la fièvre à Guéret, Bourganeuf ou La Souterraine. Plus qu'une seule solution pour eux : s'attaquer à la Corrèze. Même pas cap ! 

- Nombreuses réactions à écouter sur France Bleu Creuse
- Le Magazine branché Technikart publie cette semaine un violent papier sur la Creuse, Guéret et ses habitants. Les réactions ne se sont pas faites attendre. Reportage de Boris Letondeur dans le journal de 17h.
- En cause un article paru dans le magazine ce mois-ci. Le titre : "la Bouse ou la Vie" ! L'auteur se demande comment être jeune et branché dans la préfecture creusoise. Au final : quelques vérités et énormément de poncifs du genre "la Creuse trou du cul du monde", "vie sociale consanguine" ou "Guéret ville de viocs et de ploucs". Réactions outrées, forcément.


 

    

 

Colère en Creuse après un article de Technikart, « La bouse ou la vie »
La Creuse choisit la vie, née de la bouse. - ph : mathieu tijeras
« La bouse ou la vie » : Guéret, désert pour tous les jeunes branchés. Le magazine Technikart charge, et la Creuse crie. Avant de contre-attaquer ?

La Creuse, pays des bouseux, avec Guéret pour morne capitale. La tarte à la crème est si vieille qu'elle dégage une odeur rance et ne mérite pas ré (d) action. Ce fut notre première réaction, au sein de la rédaction locale de La Montagne, à la lecture de l'article du magazine Technikart intitulé « La bouse ou la vie ». Mais depuis, le sujet est sur toutes les lèvres en Creuse, dans le milieu culturel, mais bien au-delà, le reportage d'Alexandre Majirus étant largement commenté et critiqué sur Internet (1).Deux des interviewés sont « écoeurés »
« Un ami a reçu un message sur Facebook disant "Je suis journaliste, je cherche des hipsters (2), des férus d'électros, des gens qui téléchargent, pour faire un article dans Technikart. Je me suis dit, c'est bien, un sujet sur l'accès à la culture en milieu rural ». Thibault est interviewé, avec trois amis, le samedi du week-end de Pâques « car l'auteur venait voir ses grands-parents en Creuse ». La discussion tourne « autour des comportements culturels, le téléchargement, les soirées DVD…

et aussi des bars guérétois, des bistrobeats, des soirées organisées par le Gang ». À la lecture de l'article, et face aux critiques reçues sur les propos reproduits, Thibault se dit « écoeuré ». « Ce n'est pas simplement que mes propos sont sortis de leur contexte ou tronqués : l'image donnée est le contraire de ce que je pense ! Je suis là depuis cinq ans, en provenance d'une plus grande ville, et je suis bien ici. Oui, ce n'est pas Paris mais plein de choses existent. Cet article est à côté de la réalité et bâti sur des raccourcis injurieux. »

Avalanche de messages sur les réseaux

Même sentiment d'avoir été « trahi », pour Martial, autre témoin de l'article. « Le journaliste m'a dit vouloir parler des coins cool en Creuse, et de la vie de hipster ici. Je m'attendais à quelque chose d'un peu décalé, certainement, un "humour anglais", mais pas à un texte orienté de façon si méprisante. Mes propos donnent l'image de celui qui a quitté la Creuse et la renie, mais c'est faux ! Je veux bien passer pour un snob – mes copains me le reprochent souvent (rires) – mais là ! Je suis en train de préparer un documentaire sur la Creuse, et pas pour dire qu'il ne s'y passe rien ! »

Des dizaines de messages sur la page Facebook de Technikart, une discussion à plus de 200 personnes sur le réseau social et des chaînes de liens par centaines d'envoi : l'article suscite tout un panel de réactions, de l'exaspération aux propos haineux. Et au-delà de la Creuse.

« J'ai d'abord cru à un canular », raconte Filip Forgeau, directeur de la scène conventionné La Fabrique, avant de s'emporter. « Comment peut-on écrire un truc comme ça, du niveau de Rivarol ? » Un artiste, le conteur Fred Pougeard, l'a appelé, « scandalisé, en proposant un happening festif et culturel à Paris, dans la rédaction du magazine. Nous verrons, en nous coordonnant avec nos représentants politiques, s'ils décident d'une réponse officielle ». D'ici là, il a adressé une copie de l'article « à tous les artistes, et leurs équipes, reçus à Guéret depuis six ans, pour qu'ils nous donnent un témoignage s'ils le souhaitent. On ne peut pas laisser passer ça : s'abriter derrière les propos de personnages locaux, sortis de leur contexte, pour déverser sa bile ».

Le magazine Technikart persiste et signe
Technikart se défend de tout acharnement. Pour son rédacteur en chef, Raphaël Turcat, « la vie des jeunes branchés de province nous intéresse tout autant que la Monumenta de Buren au Grand Palais ou le quotidien des fêtards berlinois. […] L'angle, c'est : comment vivre sa branchitude dans une ville comme Guéret, pas réputée pour être un phare de la décentralisation ? On a choisi Guéret, mais ça aurait pu être un autre endroit comme il y en a tant en en France ».

Et les termes « vie sociale consanguine », « ambiance bourbier », « bouseux » utilisés dans l'article ? « Technikart a toujours eu une liberté de ton, ce qui fait notre succès mais énerve aussi pas mal de gens. Alors oui, je comprends que certaines personnes aient pu être choquées. De là à s'énerver comme ça… […] Et aucun propos n'a été déformé, on a tout sur bandes. »

Peut-on s'attendre à un mea culpa dans le prochain numéro ? « Nous continuerons à écrire comme nous aimons. Oui on énerve, et alors ? Si on devait changer de ligne éditoriale chaque fois que quelqu'un débarque furieux à la rédaction, on changerait de ligne tous les deux jours. […] Et ça ne m'empêchera pas de venir passer un moment dans cette superbe région où, visiblement, la fierté de certains de ses habitants est inversement proportionnelle à leur manque d'humour et de recul. » Pas sûr que cela close la polémique…

Contacté, l'auteur de l'article de Technikart n'a pas souhaité répondre.

Julien Bigay


Quand Technikart agace les Creusois

Technikart agace les Creusois[...]l'auteur de l'article paru dans le n°162 du mensuel Technikart qui eu cette idée[...]1300 personnes dans le groupe Facebook «Creusois contre Technikart[...]sur la page Facebook créée à la suite de la parution de l'article, «Les Creusois contre Technikart[...]l'image donnée dans Technikart[...]Du ...




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