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9-15 juin
2012
La révolte des
"bouseux" contre le chic parisien
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la photo, lire l'article (complet dans Marianne du
9 au 15 juin)...
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Par Jérôme Cordelier
À force
de vouloir être branché, on devient ringard.
Technikart, magazine parisianiste à faible tirage, a
suscité un immense émoi en Creuse en attaquant
bille en tête - on se demande bien pourquoi -
Guéret et ses environs pour son inactivité
culturelle sous un titre flatteur : "La bouse ou la vie". La
direction présente ses excuses dans le numéro
de ce mois-ci. Bien obligé. Car cette prise de
position a dépassé les voeux de nos
provocateurs. Les Creusois, plus branchés que
certains peuvent le croire, se sont
déchaînés sur les réseaux
sociaux. Une véritable jacquerie internétique
qui a laissé pantois nos Parisiens, d'habitude plus
prompts à la repartie.
Certes, la Creuse
n'est pas le coeur de cible de ce magazine : la maison de la
presse de Guéret vend deux exemplaires de Technikart
à chaque livraison. Mais quand même... Nos amis
devraient traîner un peu plus leurs basques dans ce
coeur vert de la France.
Une terre qui
inspire les écrivains
À l'instar de
Claude Miller, metteur en scène et scénariste,
qui a écrit en Creuse l'essentiel de son oeuvre, ou
de l'écrivain Éric Reinhardt, dont le
livre-star de l'année littéraire 2011 Le
système Victoria s'achève ici même, ou
encore l'auteur de polars Sylvie Granotier, qui a fait de
cette terre "son" Montana. Perdue pour la culture, la Creuse
? C'est grâce à ce territoire que Houellebecq a
décroché la carte du Goncourt ! Et on ne vous
dit pas ce que penserait d'une telle polémique le
cinéaste Claude Chabrol, qui y avait ses racines et y
faisait sans cesse référence. On attend la
réaction du maire d'Argenton-sur-Creuse (dans le
département voisin de l'Indre), nouveau ministre et
ami intime de François Hollande, Michel Sapin dont la
maison sert actuellement de scène pour le tournage
d'un film fantastique, Fièvre. Nos amis de Technikart
n'ont pas trouvé la fièvre à
Guéret, Bourganeuf ou La Souterraine. Plus qu'une
seule solution pour eux : s'attaquer à la
Corrèze. Même pas cap !
- Nombreuses
réactions à écouter sur France Bleu
Creuse
- Le Magazine branché Technikart publie cette semaine
un violent papier sur la Creuse, Guéret et ses
habitants. Les réactions ne se sont pas faites
attendre. Reportage de Boris Letondeur dans le journal de
17h.
- En cause un article paru dans le magazine ce mois-ci. Le
titre : "la Bouse ou la Vie" ! L'auteur se demande comment
être jeune et branché dans la préfecture
creusoise. Au final : quelques vérités et
énormément de poncifs du genre "la Creuse trou
du cul du monde", "vie sociale consanguine" ou
"Guéret ville de viocs et de ploucs".
Réactions outrées, forcément.

Colère
en Creuse après un article de Technikart, « La
bouse ou la vie »
La Creuse choisit la vie, née de la bouse. - ph :
mathieu tijeras
« La bouse
ou la vie » : Guéret, désert pour tous
les jeunes branchés. Le magazine Technikart charge,
et la Creuse crie. Avant de contre-attaquer
?

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La Creuse,
pays des bouseux, avec Guéret pour morne
capitale. La tarte à la crème est si
vieille qu'elle dégage une odeur rance et ne
mérite pas ré (d) action. Ce fut
notre première réaction, au sein de
la rédaction locale de La Montagne, à
la lecture de l'article du magazine Technikart
intitulé « La bouse ou la vie ».
Mais depuis, le sujet est sur toutes les
lèvres en Creuse, dans le milieu culturel,
mais bien au-delà, le reportage d'Alexandre
Majirus étant largement commenté et
critiqué sur Internet (1).Deux des
interviewés sont «
écoeurés »
« Un ami a reçu un message sur Facebook
disant "Je suis journaliste, je cherche des
hipsters (2), des férus d'électros,
des gens qui téléchargent, pour faire
un article dans Technikart. Je me suis dit, c'est
bien, un sujet sur l'accès à la
culture en milieu rural ». Thibault est
interviewé, avec trois amis, le samedi du
week-end de Pâques « car l'auteur venait
voir ses grands-parents en Creuse ». La
discussion tourne « autour des comportements
culturels, le téléchargement, les
soirées DVD
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et aussi des bars
guérétois, des bistrobeats, des soirées
organisées par le Gang ». À la lecture de
l'article, et face aux critiques reçues sur les
propos reproduits, Thibault se dit «
écoeuré ». « Ce n'est pas simplement
que mes propos sont sortis de leur contexte ou
tronqués : l'image donnée est le contraire de
ce que je pense ! Je suis là depuis cinq ans, en
provenance d'une plus grande ville, et je suis bien ici.
Oui, ce n'est pas Paris mais plein de choses existent. Cet
article est à côté de la
réalité et bâti sur des raccourcis
injurieux. »
Avalanche de messages
sur les réseaux
Même sentiment
d'avoir été « trahi », pour Martial,
autre témoin de l'article. « Le journaliste m'a
dit vouloir parler des coins cool en Creuse, et de la vie de
hipster ici. Je m'attendais à quelque chose d'un peu
décalé, certainement, un "humour anglais",
mais pas à un texte orienté de façon si
méprisante. Mes propos donnent l'image de celui qui a
quitté la Creuse et la renie, mais c'est faux ! Je
veux bien passer pour un snob mes copains me le
reprochent souvent (rires) mais là ! Je suis
en train de préparer un documentaire sur la Creuse,
et pas pour dire qu'il ne s'y passe rien ! »
Des dizaines de
messages sur la page Facebook de Technikart, une discussion
à plus de 200 personnes sur le réseau social
et des chaînes de liens par centaines d'envoi :
l'article suscite tout un panel de réactions, de
l'exaspération aux propos haineux. Et au-delà
de la Creuse.
« J'ai d'abord
cru à un canular », raconte Filip Forgeau,
directeur de la scène conventionné La
Fabrique, avant de s'emporter. « Comment peut-on
écrire un truc comme ça, du niveau de Rivarol
? » Un artiste, le conteur Fred Pougeard, l'a
appelé, « scandalisé, en proposant un
happening festif et culturel à Paris, dans la
rédaction du magazine. Nous verrons, en nous
coordonnant avec nos représentants politiques, s'ils
décident d'une réponse officielle ».
D'ici là, il a adressé une copie de l'article
« à tous les artistes, et leurs équipes,
reçus à Guéret depuis six ans, pour
qu'ils nous donnent un témoignage s'ils le
souhaitent. On ne peut pas laisser passer ça :
s'abriter derrière les propos de personnages locaux,
sortis de leur contexte, pour déverser sa bile
».
Le magazine Technikart
persiste et signe
Technikart se défend de tout acharnement. Pour son
rédacteur en chef, Raphaël Turcat, « la vie
des jeunes branchés de province nous intéresse
tout autant que la Monumenta de Buren au Grand Palais ou le
quotidien des fêtards berlinois. [
]
L'angle, c'est : comment vivre sa branchitude dans une ville
comme Guéret, pas réputée pour
être un phare de la décentralisation ? On a
choisi Guéret, mais ça aurait pu être un
autre endroit comme il y en a tant en en France ».
Et les termes «
vie sociale consanguine », « ambiance bourbier
», « bouseux » utilisés dans l'article
? « Technikart a toujours eu une liberté de ton,
ce qui fait notre succès mais énerve aussi pas
mal de gens. Alors oui, je comprends que certaines personnes
aient pu être choquées. De là à
s'énerver comme ça
[
] Et
aucun propos n'a été déformé, on
a tout sur bandes. »
Peut-on s'attendre
à un mea culpa dans le prochain numéro ?
« Nous continuerons à écrire comme nous
aimons. Oui on énerve, et alors ? Si on devait
changer de ligne éditoriale chaque fois que quelqu'un
débarque furieux à la rédaction, on
changerait de ligne tous les deux jours. [
] Et
ça ne m'empêchera pas de venir passer un moment
dans cette superbe région où, visiblement, la
fierté de certains de ses habitants est inversement
proportionnelle à leur manque d'humour et de recul.
» Pas sûr que cela close la
polémique
Contacté,
l'auteur de l'article de Technikart n'a pas souhaité
répondre.
Julien Bigay
Quand Technikart agace
les Creusois
Technikart agace les
Creusois[...]l'auteur de l'article paru dans le
n°162 du mensuel Technikart qui eu cette
idée[...]1300 personnes dans le groupe
Facebook «Creusois contre Technikart[...]sur la
page Facebook créée à la suite de la
parution de l'article, «Les Creusois contre
Technikart[...]l'image donnée dans
Technikart[...]Du ...

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